Hannah Arendt et Königsberg

Au verso du livre d’Hannah Arendt Qu’est-ce que la politique?, publié par les Editions du Seuil, sa vie est décrite comme suit : 

Hannah Arendt, née à Hanovre en 1906, est l’une des plus belles figures intellectuelles du XXe  siècle. Elève de Husserl, Heidegger et Jaspers, elle s’exile en 1941 aux Etats-Unis, où elle enseignera la philosophie et les sciences politiques. Elle est l’auteur d’ouvrages aussi célèbres que Les Origines du totalitarisme, Condition de l’homme moderne, La Crise de la culture ou Eichmann à Jérusalem

Dans les ouvrages de la maison d’édition Piper, qui a publié les œuvres d’Hannah Arendt en allemand, on peut lire au sujet de sa vie :

Née le 14 octobre 1906 à Hanovre, décédée le 4 décembre 1975 à New York, Hannah Arendt a étudié la philosophie, la théologie et le grec auprès, entre autres, d’Heidegger, Bultmann et Jaspers, chez lequel elle valida sa thèse en 1928.

On ne trouve aucune mention de Königsberg dans sa biographie succincte et en effet, Hannah Arendt n’est pas née à Königsberg mais dans une banlieue d’Hanovre. Ses parents, Paul et Martha Arendt, étaient bien originaires de Königsberg mais Paul Arendt occupait un poste d’ingénieur à Hanovre. Alors que la petite Hannah était à peine âgée de trois ans, ses parents s’installèrent avec elle dans leur ville d’origine. Ils habitaient dans le quartier appelé Hufenviertel, dans la Tiergartenstr. 6 (aujourd’hui ул. Зоологическая). Le père de Paul Arendt et grand-père bien-aimé d’Hannah, Max Arendt, vivait à deux pas de là, dans la Goltzallee (aujourd’hui ул. Гостиная).

Max Arendt mourut au mois de mars 1913, le père d’Hannah en octobre 1913. En 1920, la veuve Martha Arendt épousa le quincailler Martin Beerwald, un fils d’immigrants russes né à Königsberg, et emménagea avec sa fille Hannah dans sa maison de la Busoltstrasse (aujourd’hui ул. Ермака)[1], située à deux rues de la Tiergartenstrasse. Dans ce quartier des Hufen vivaient principalement les citoyens aisés de Königsberg et c’est là – entre la Tiergartenstrasse, la Goltzallee et la Busoltstrasse – que grandit Hannah Arendt. 

En août 1914, au début de la première Guerre Mondiale, tout semblait indiquer que l’armée russe s’apprêtait à envahir Königsberg, et Marta Arendt décida de se réfugier avec sa fille chez sa plus jeune sœur, installée à Berlin. Elles y restèrent dix semaines. Hannah fut envoyée dans une école de filles du quartier de Charlottenburg et pendant son temps libre, elle jouissait des multiples attentions et autres gâteries de sa famille et de ses amis.  Sa mère écrivit à son sujet : « Elle a le mal du pays et sa maison lui manque de manière excessive. »[2] Elisabeth Young-Bruehl, biographe d’Hannah Arendt, raconte :

À plusieurs reprises, madame Arendt avait constaté que sa fille tombait malade avant les voyages ou les vacances, à l’exception des séjours qu’elles passaient ensemble sur la côte, non loin de chez elles, séjours « qu’elle préférait à tout autre voyage ».[3]

Enfant, Hannah Arendt se comportait donc comme bien d’autres habitants de Königsberg : elle rechignait à quitter la ville, et son excursion favorite était celle qui la menait au bord de la mer Baltique, toute proche. Ses grands-parents, côté Arendt, possédaient une résidence d’été située non loin de Cranz, (aujourd’hui Зеленоградск) tandis que sa grand-mère, côté Cohn, avait une propriété à Neukuhren (aujourd’hui Пионерский), où les familles se retrouvaient pour passer l’été[4].

Hannah Arendt ne mentionne pas son enfance à Königsberg dans ses écrits, et elle ne l’évoque verbalement qu’à de rares occasions. On ne peut donc que supposer les effets de la première partie de sa vie sur son avenir et son œuvre.

Au cours d’une entrevue télévisée avec Günter Gaus, en 1964, elle dit : « Mon grand-père était président de la communauté libérale et conseiller municipal de Königsberg. Je viens d’une vieille famille de Königsberg. »[5]

Que sait-on de cette « vieille famille de Königsberg » ? Elisabeth Young-Bruehl écrit que la mère du grand-père d’Hannah, Max Arendt, donc son arrière-grand-mère, était arrivée de Russie avec toute sa famille « à l’époque de Mendelssohn »[6]. C’est peu probable, étant donné que Moses Mendelssohn est mort en 1786 et que Max Arendt est né en 1843[7]. Toujours est-il que son grand-père paternel est le premier représentant de la famille d’Hannah Arendt à avoir vu le jour à Königsberg. Son grandpère maternel, Jacob Cohn, était né en 1838 en Lituanie, alors russe. La famille avait fui le pays en 1852, effrayée par la politique antisémite du Tsar Nicolas Ier, pour s’installer à Königsberg.[8] Sa grandmère, Fanny Cohn née Spiero, était également arrivée à Königsberg depuis la Russie dans le courant de sa jeunesse.[9] Sa prononciation allemande, d’ailleurs, était teintée d’un fort accent russe, et elle portait volontiers des tenues de paysanne russe.[10]

L’ensemble des ancêtres d’Hannah Arendt venait de Russie. L’unique membre de sa famille « originaire » de Königsberg était son grand-père chéri, Max Arendt. Pourquoi ne s’est-elle donc jamais définie comme venant d’une famille d’immigrants venus de Russie ? Il ne peut y avoir qu’une seule réponse à cette question : Hannah Arendt ne se voyait tout bonnement pas comme une descendante d’immigrants russe, mais comme une habitante de Königsberg. 

Comme le raconte le mentor et ami d’Hannah Arendt, le futur homme politique sioniste Kurt Blumenfeld – originaire de Prusse orientale, il étudiait le droit à l’université de Königsberg et fréquentait la maison de Max Arendt –, Max Arendt était « passionnément allemand », et citait volontiers ces mots de Gabriel Rieβer[11] : « Celui qui osera démentir mon identité allemande, je le considérerai comme un assassin. »[12] Sa petite-fille Hannah, en revanche, ne se voyait pas comme une Allemande. Quand Karl Jaspers lui dit : « Bien sûr que vous êtes allemande ! », elle réplique : « Cela se voit, pourtant, que je n’en suis pas une ! »[13] Dans une lettre adressée à l’université libre de Berlin, la Freie Universität, en 1964, elle écrit encore : « Königsberg, ma ville d’origine. »[14] Si elle ne se considère pas comme une allemande, elle s’identifie néanmoins avec la ville de Königsberg. 

Hannah Arendt fréquentait l’école Königin-Luise, située dans la Landhofmeisterstraβe (aujourd’hui, l’école N°41 dans la ул. С. Тюленина), l’unique lycée pour filles de la ville où elle pouvait étudier le latin et le grec, le grec étant sa matière favorite. On peut supposer qu’elle prenait le tram pour s’y rendre et rentrer chez elle après les cours, traversant ainsi quotidiennement sa ville pendant de longues années. Il ne fait aucun doute, a priori, que l’image de Königsberg se soit fortement ancrée dans sa mémoire.

Tout, à Königsberg, tournait autour du plus grand citoyen que la ville ait engendré. L’écrivain Max Fürst, d’un an l’aîné d’Hannah Arendt, décrit dans sa biographie la célèbre plaque commémorative consacrée à Kant et fixée sur les murs du château de Königsberg, « où sont évoqués le ciel étoilé et la morale. Chaque élève de Königsberg a dû la recopier une fois au moins dans le courant de sa scolarité. »[15]

À Königsberg, Emmanuel Kant était l’instance incontestée pour tout ce qui concernait les bonnes manières et la juste attitude. Les vertus kantiennes étaient identiques aux vertus prussiennes que prônait Frédéric Guillaume Ier. C’était également celles au sein desquelles Kant avait grandi, dans le foyer piétiste où il avait été élevé : il fallait être poli, humble, consciencieux, sincère, simple et appliqué, fournir un travail honnête et respecter l’autorité. Les pensées de Kant ont formé la société cultivée de Königsberg d’une manière qui allait bien au-delà des limites de la religion ; tous les habitants de Königsberg, peu importe leur croyance, adhéraient à son enseignement.[16]  

Le 25 août 1896 eut lieu l’inauguration de la nouvelle synagogue de la Lindenstrasse (aujourd’hui ул. Октябрьская), située sur les rives de la Pregolia, en face de l’ancienne université. À cette occasion, le comte Bismarck, président de la province de Prusse orientale, le commandant de la ville, lieutenantgénéral Keyler, le maire Hoffmann, plusieurs professeurs de l’université Albertus tout comme le surintendant évangélique Lackner figurent parmi les invités. C’est le second maire de Königsberg, Karl Brinkmann, qui s’adressa à la communauté de la synagogue au nom de la ville. Il se félicita du fait « que l’ensemble des citoyens de Königsberg se réjouit de participer à ces festivités. Car c’est la tête haute, certain de leur approbation, que je peux dire : ici, à Königsberg, les croyants de toutes religions et de toutes confessions se côtoient et cohabitent dans la paix et la convivialité. »[17] Dans l’homélie qu’il prononce à l’occasion du 200e anniversaire d’Emmanuel Kant, le second jour de la fête de Pessach 5684 (le 20 avril 1924), dans la nouvelle synagogue de Königsberg, le rabbin de la communauté, Reinhold Lewin, affirme que « …le cosmopolitisme de la morale est un prêche que partagent Moïse et Kant : la droiture morale chaque individu acquiert grâce à la noblesse et la dignité est ce qui le relie au tout… Par-delà des siècles, Moïse tend sa main au penseur du peuple allemand. »[18]

Ce contexte peut expliquer le sentiment d’Hannah Arendt, qu’elle exprime de la manière suivante :

Le fait est que non seulement je n’ai jamais prétendu être quelqu’un d’autre que moi-même, mais je n’en ai même jamais ressenti le besoin.

…Pas même pendant mon enfance. À mes yeux, être juive fait partie des réalités indiscutables de ma vie, et je n’ai jamais rien voulu changer à ce fait.[19]

Le socle de cette conscience était « une identité juive évidente, telle qu’elle avait sans doute pu s’épanouir dans l’atmosphère relativement libérale et pluraliste de Königsberg pendant l’avantguerre. »[20] Max Fürst partageait en grande partie son sentiment :

Je ne permets à personne de me dire qui je suis. Peut-être que je ne suis pas allemand – qu’est-ce qu’un Allemand, d’ailleurs – je suis un citoyen de Königsberg et un Prussien, et ma place est ici, comme toute autre personne étant née et ayant vécu ici.[21]

Trois ans et demi seulement avant l’arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes en Allemagne et quinze ans, jour pour jour, avant que l’ancienne ville de Königsberg ne succombe aux bombardements de l’armée de l’air britannique, le 19 août 1929, Thomas Mann décrivait à la « Königsberger Allgemeinen Zeitung », un quotidien de Königsberg,  l’impression qui lui était restée d’une première visite en Prusse orientale:

Je ne sais pas pourquoi je me suis tant attaché à l’Est au cours de ce bref séjour. Est-ce qu’il complète mon être ? L’habitant de Prusse orientale est si différent, si unique à sa manière. Peut-être qu’inconsciemment, un grand mythe étranger vit dans ces cœurs et dans ces esprits… C’est ici que j’ai trouvé une passerelle vers le cercle culturel slave.[22]

Le sentiment qu’Hannah Arendt et Max Fürst partageaient au sujet de leur identité correspondait à l’exigence que Thomas Mann décrit ainsi au cours d’un entretien avec la « Königsberger Allgemeinen Zeitung » :

Tous les esprits bienveillants et sincères doivent avoir le droit à la parole, dans tous les pays, dans toutes les régions du monde. Cependant : C’est le caractère qui fait la différence… L’Allemand doit être Allemand, le Prussien doit être Prussien, le Westphalien doit être Westphalien et l’habitant d’Hanovre doit être Bas-Saxon. 

C’est de l’harmonie des individualités que naît la réelle unité. Il en est de même pour la famille des peuples. L’esprit européen que nous souhaitons cultiver ne peut aboutir que si chacun reste « soimême ». Le désaveu rend lâche.[23]

Hannah Arendt ne s’est pas désavouée. Toute jeune fille, déjà, elle s’intéressait aux écrits de son compatriote Emmanuel Kant. L’aurait-elle fait si elle avait grandi à Hanovre ? Selon Jürgen Manthey,

..elle voit en Kant le philosophe qui se démarque de tous ses prédécesseurs – à l’exception de Socrate et Rousseau – dans la mesure où il ne recourt pas à la philosophie, activité contemplative, pour se détacher des autres, des non-philosophes. En outre, elle deviendra elle-même une kantienne selon cette définition du terme – on peut donc dire que les fondements de sa pensée ont été nourris par son enfance à Königsberg.[24]

En 1924, âgée de dix-huit ans à peine, Hannah Arendt quitte Königsberg et entame à Marbourg des études qui la mèneront par la suite à Fribourg en Brisgau et à Heidelberg. Elle reste cependant fortement liée à la ville de son enfance, où vit encore sa mère. 

En 1929, elle s’installe à Berlin, où elle s’intéresse à la biographie de Rahel Varnhagen : « Elle présente les premiers résultats de ces travaux un an plus tard, lors d’une manifestation organisée par la fédération juive des femmes, dans sa ville natale de Königsberg. »[25] En août 1933, elle émigre à Paris. Sa mère, elle, reste à Königsberg et ne quittera la ville qu’après les débordements de ce qu’on appellera par la suite la Reichskristallnacht, la nuit de cristal, le 9 novembre 1938.

Même après son départ d’Allemagne, Hannah Arendt reste en contact avec ses amis de Königsberg.[26] Son amie Anne Mendelsohn, future épouse du philosophe français Eric Weil, restera sa confidente tout au long de sa vie. Dans une lettre datant du 29 mars 1953 à l’attention de son ami Kurt Blumenfeld, Hannah Arendt évoque cette dernière : « Annchen Mendelsohn, désormais Anne Weil. Toujours la « meilleure amie », comme quand nous étions enfants. »[27] Six mois avant sa mort, en 1974, Hannah Arendt va rendre visite à son ami d’enfance Max Fürst, à Stuttgart.[28]

Hans Jonas et Elisabeth Young-Bruehl décrivent ainsi l’attitude d’Hannah Arendt envers ses amis :

Comme Hans Jonas l’a fait remarquer lors de ses obsèques, Hannah Arendt avait « le génie de l’amitié ». Pour reprendre ses propres mots, sa force motrice était l’Eros de l’amitié ; et elle mettait ses amitiés au centre de sa vie. Hannah Arendt dédiait ses ouvrages à ses amis, elle dessinait leurs portraits avec des mots, elle contribuait aux hommages qui leur étaient faits, elle envoyait cartes et poèmes pour leurs anniversaires, elle les citait régulièrement et ne se lassait pas de conter leurs histoires. Elle maîtrisait à la perfection le langage de l’amitié.[29]

Il est étonnant de constater que l’élève et le biographe de Kant, Reinhold Bernhard Jachmann, choisit quasiment les mêmes mots pour décrire l’attitude du philosophe envers ses amis. Dans la biographie publiée peu après la mort de Kant, en 1804, on lit ainsi :

Kant se caractérisait tout particulièrement par sa chaleur, son sens de l’amitié.[30]… Kant était un ami convivial, jovial, empathique, et il garda ce sens de l’amitié cordiale et accueillante jusqu’à un âge avancé. Son âme sensible était sans cesse préoccupée par le devenir de ses amis. Il prenait les moindres incidents de leur vie très à cœur ; il s’inquiétait sincèrement quand ils traversaient des situations fâcheuses et se réjouissait de tout cœur quand une situation pénible connaissait un heureux dénouement.[31]

Emmanuel Kant et Hannah Arendt, tous deux citoyens de Königsberg, avaient les mêmes affinités. Emmanuel Kant passa sa vie parmi ses amis d’enfance. Contrainte de quitter Königsberg et l’Allemagne, Hannah Arendt n’abandonna pas pour autant ses amitiés. Elle traversa des « années entières, pendant lesquelles la langue maternelle et les amitiés étaient son seul point d’ancrage au milieu de la tempête de la guerre, de l’exil, des nouvelles langues et des coutumes étrangères. »[32]

Quand, en 1964, Günter Gaus lui demande ce qui, à ses yeux, restait de l’Europe de l’avant-Hitler, elle répond : « Il reste la langue… On ne peut pas remplacer une langue maternelle. »[33] Sa langue maternelle, pourtant, n’était pas le haut-allemand mais l’allemand employé à Königsberg, parsemé d’expressions typiques de la Prusse orientale et d’une intonation toute aussi caractéristique de la région. Le 29 mars 1953, elle confiait à son ami Kurt Blumenfeld :

que son ami Samburski[34]était de passage et qu’il repassera sans doute. Nous avons passé une très bonne soirée, et j’étais enchantée d’entendre parler notre authentique dialecte de Königsberg.[35]

Après le décès de son mari, Heinrich Blücher, en 1970, sa « meilleure » amie de Königsberg, Anne Weil née Mendelsohn, vient personnellement la soutenir à New York depuis la France et n’hésite pas à prolonger son séjour aussi longtemps que nécessaire. « Secondée par l’employée à temps partiel d’Hannah Arendt, Sally Davis, Anne Weil se charge des courses et de la cuisine et, ce qui est bien plus important, elle s’exprime dans cet allemand teinté des tournures typiques de Prusse orientale que son amie et elle connaissaient depuis l’enfance. »[36]

Au sujet de Kant, R. B. Jachmann explique :

Il considérait le langage utilisé pour la conversation comme un simple moyen d’échanger des pensées :…pour un usage facile, la langue ne devait pas se différencier du langage local. Pour cette raison, il se souciait peu de la manière dont il s’exprimait, et n’hésitait pas à user de provincialismes, voire à adopter des mots formulés selon la prononciation erronée de la province.[37]

Hannah Arendt tout comme Emmanuel Kant s’exprimaient dans une langue teintée de leur région, les accents de Prusse orientale. Ils partageaient la même langue maternelle.

Le fait qu’Hannah Arendt commence à se pencher sur l’œuvre de Kant dès ses quatorze ans, alors qu’elle était encore écolière, et le fait qu’au moment de sa mort, le 4 décembre 1975, à New York, elle soit justement plongée dans la réalisation d’un écrit centré autour de la philosophie politique de Kant – tout cela a un rapport avec Königsberg. Les citoyens de Prusse orientale, Johann Georg Hamann, Emmanuel Kant et Johann Gottfried Herder, étaient ses maîtres spirituels. Jürgen Manthey cite ces mots d’Hannah Arendt à Joachim Fest, en 1964 : « De par ma manière de penser et de juger, je viens encore de Könisgberg. Parfois je me refuse à l’admettre, pourtant c’est un fait. »[38]

Originaire de Königsberg, Emmanuel Kant passa toute sa vie dans sa ville natale et pourtant, c’était un citoyen du monde. La citoyenne du monde Hannah Arendt passa la plus grande partie de sa vie loin de sa patrie, mais quand on considère sa vie et son œuvre, on n’a pas d’autre choix que de conclure : toute sa vie, elle sera restée citoyenne de Königsberg.

4 décembre 2014

Gerfried Horst


[1] Elisabeth Young-Bruehl, Hannah Arendt, Fayard, 2011. (Citations d’Elisabeth Young-Bruehl traduites de l’allemand par Amélie de Maupeou).

[2] Elisabeth Young-Bruehl citée par Michelle-Irène Brudny, p. 46.

[3] Ibidem, p. 61.

[4] Stefanie Schüler-Springorum, Hannah Arendt und Königsberg // Michael Brocke / Margret Heitmann / Harald Lordick (éditeur). Geschichte und Kultur der Juden in Ost- und Westpreußen, Hildesheim / Zurich / New York 2000, pp. 511-529,  517.

[5] Hannah Arendt,Heidi Bohnet: Denken ohne Geländer, Texte und Briefe, Munich, 2006, p. 219.

[6] Elisabeth Young-Bruehl, op. cit., p. 40.

[7] Ibid., p. 648.

[8] Alois Prinz, Hannah Arendt oder die Liebe zur Welt. Berlin 2012, p. 19;  Wolfgang Heuer, Hannah Arendt, Reinbek bei Hamburg 1987, p. 9.

[9] Stefanie Schüler-Springorum, op. cit., p. 513.

[10] Elisabeth Young-Bruehl, op. cit., p. 43.

[11] Vice-président du Conseil général de Hambourg, Gabriel Rießer (1806 – 1863) a également été le premier juge juif d‘Allemagne.          

[12] Stefanie Schüler-Springorum, op. cit., p. 514.

[13] Entretien avec Günter Gaus, émission diffusée en 1964 à la télévision allemande (RFA), rediffusée sur Arte lors de la soirée Thema consacrée à Hannah Arendt // Hannah Arendt, Denken ohne Geländer, op. cit., p. 221

[14] Jürgen Manthey, Königsberg – Geschichte einer Weltbürgerrepublik, Carl Hanser Verlag GmbH & Co. KG, 2005, p. 612.

[15] Max Fürst, Gefilte Fisch – Eine Jugend in Königsberg, Munich 1973, p. 39.

[16] Michael Wieck, dans un entretien avec l’auteur de ce texte, le 5.11.2014.

[17] Karl Brinkmann, Discours d’inauguration de la nouvelle synagogue de Königsberg, 1896 // Hommage prononcé à l’occasion du 25e anniversaire de la synagogue de Königsberg, 1921.

[18] Dr. Reinhold Lewin, Mose und Kant // Rudolf Malter (Hg.), „Denken wir uns aber als verpflichtet…“ – Königsberger Kant-Ansprachen 1804 – 1945, Erlangen 1992, p. 156 – 159.

[19] Stefanie Schüler-Springorum, op. cit., p. 524.

[20] Ibidem, p. 523.

[21] Max Fürst, op. cit., p. 195. 22

[22] Königsberger Allgemeine Zeitung, 29. August 1929, Entretien avec Thomas Mann // Questions et réponses, interview avec Thomas Mann 1909 – 1955, publié par Volkmar Hansen et Gert Heine, Hambourg 1983, p. 146.

[23] Ibidem, p. 147.

[24] Jürgen Manthey, op. cit., p. 615.

[25] Stefanie Schüler-Springorum, op. cit., p. 525.

[26] Ibidem, p. 105-106. 27

[27] Hannah Arendt – Kurt Blumenfeld, Une correspondance 1933-1966, Desclée de Brouwer, 2012.

[28] Stefanie Schüler-Springorum, op. cit., p. 529.

[29] Elisabeth Young-Bruehl, op. cit., p. 15.

[30] Reinhold Bernhard Jachmann, Immanuel Kant geschildert in Briefen an einen Freund, Königsberg 1804, Achter Brief, S. 75.

[31] Ibidem, S. 83.

[32] Ibidem

[33] Hannah Arendt, Von Wahrheit und Politik, Originalaufnahmen aus den 50er und 60er Jahren, Munich 1999/2006, 5 CD-Box, CD 1, plage 8, 4:20.

[34] Schmuel (Samuel) Sambursky, né le 30 octobre 1900 à Königsberg, mort le 18 mai 1990 à Jérusalem, physicien et historien.

[35] Hannah Arendt – Kurt Blumenfeld, op. cit., p. 83.

[36] Elisabeth Young-Bruehl, op. cit., p. 593.

[37] Reinhold Bernhard Jachmann, op. cit., sixième lettre, p. 60.

[38] Jürgen Manthey, op. cit., p. 629.

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